Une maison en éco-construction

Qu’est-ce que l’éco-construction ? Pour vous expliquer tout cela, aujourd’hui je laisse la parole (ou plutôt le clavier) à David, du blog Le Déconsommateur. Combien ça coûte ? Par où commencer ? Quels matériaux utiliser ? Toutes les réponses dans cet article !

Une maison, ça coûte cher.

C’est même, pour la plupart des gens, le plus gros achat de leur vie.

Pourtant, ce n’est pas une fatalité : il est possible d’accéder à la propriété pour un prix abordable… et avec des matériaux écologiques. Cette solution existe bel et bien ; il s’agit de l’éco-construction autonome.

Le principe est ici de construire ou rénover entièrement sa maison, soi-même, à l’aide de matériaux naturels et disponibles localement.

Pour beaucoup de gens, ça paraît totalement impensable. En effet, on acquiert en grandissant un tas de préjugés du style « je ne suis pas bricoleur » ou « une maison doit être construite par des architectes et des professionnels »…

Toutes ces idées préconçues nous viennent d’une société basée sur la consommation et le confort industriel. La vérité est qu’on peut tout à fait faire sans et surmonter tout ça. Il faut juste le vouloir, ouvrir son esprit et se retrousser les manches…

Alors, envie d’en savoir plus sur l’éco-construction ? Ça tombe bien : dans cet article, on va découvrir ensemble cette façon originale d’aborder la question du logement…

Et qui sait, peut-être que d’ici quelques mois, vous serez en train de bâtir vous aussi votre propre habitat écologique !

1. Éco-construction :  quelques mises en garde

Mais avant d’aller plus loin, je vais poser ici quelques précisions. Tout d’abord, je ne suis pas un « pro » du domaine. L’un des principes de l’éco-construction est justement qu’elle est accessible à tous…

J’ai participé bénévolement à un projet de ce type et je partage aujourd’hui avec vous quelques-uns de mes acquis. Je me suis aussi pas mal appuyé sur les savoirs et les compétences de personnes que je suis sur le web depuis pas mal de temps (blogueurs, youtubeurs). Vous retrouverez quelques liens de ces références au cours de l’article.

Sachez aussi que l’éco-construction est un super concept, mais qu’il ne convient pas à tout le monde. Il faut donc être sûr qu’il correspond à ce que vous voulez faire.

On ne va pas s’étendre ici sur les projets de rénovation, même s’il est bien sûr possible de retaper une vieille maison ou une grange avec les principes de l’éco-construction. Cela mériterait un article à part entière et dans les faits, c’est un projet assez différent d’une construction à partir de zéro…

De même, il faut vous demander si vous voulez vraiment construire une habitation en dur ou bien partir sur d’autres types d’habitats, comme une yourte, une tiny house ou encore un van aménagé. Pour en avoir le cœur net, je vous invite à consulter cet inventaire des habitats alternatifs.

Et si vous envisagez toujours de passer par l’éco-construction autonome, alors voilà les points à prendre en compte !

1.1 Le temps

Tout d’abord, ce genre de projet demande pas mal de temps. Il faudra aussi se montrer débrouillard et si possible faire appel à des copains et des copines pour accélérer le chantier !

Mais quoi qu’il en soit, vous n’obtiendrez pas une maison habitable sans un bon mois de travail au minimum. Et ça, c’est si vous vous y connaissez bien et que vous visez la simplicité. Comptez plutôt entre 3 mois et un an pour un projet d’éco-construction « standard ».

Évidemment, plus vous serez nombreux et bien organisés, plus le temps de construction sera réduit et agréable. Cette aventure pourra donc se transformer en un moment convivial et sympathique !

1.2 La formation

Mais ça reste un vrai défi à relever, surtout quand on n’y connaît rien. Nous allons explorer ici quelques pistes pour « déblayer le terrain ». En lisant cet article, vous allez en effet (re)découvrir quelques notions de base sur l’éco-construction… Qui seront à mon sens insuffisantes pour se lancer (à moins d’être un bidouilleur de l’extrême).

Car rien ne vaut la pratique ! C’est pourquoi je vous conseille de vous former d’abord. Il existe à travers la France des tas de chantiers participatifs de type « Wooffing » ou autre, dans lesquels vous pourrez acquérir tout un tas de savoirs concrets. C’est là que j’ai acquis pour ma part certaines des connaissances que je partage avec vous dans cet article.

Qu’est-ce qu’un chantier participatif, me direz-vous ? Et bien comme son nom l’indique, il s’agit d’une œuvre commune : vous serez logé(e) et nourri(e) en échange d’une formation et d’un peu de travail. On est dans l’économie du don, l’ambiance est détendue, il n’y a aucune obligation et on fait plein de rencontres sympa !

Ce type d’expérience me paraît bien utile pour attaquer un projet personnel de cette envergure. Car en plus de vous doter de quelques connaissances pratiques, il vous donne la confiance nécessaire pour passer à l’action.

1.3 Le budget

Sachez aussi que fabriquer votre maison en éco-construction va quand même vous coûter un peu d’argent.

Rien que pour acquérir le terrain constructible, vous devrez probablement débourser quelques milliers d’euros. Les prix dépendent énormément des régions, il faut donc voir où vous voulez habiter… Et peut-être prendre en compte le prix des terrains pour définir les zones où vous allez prospecter.

Dans la logique de l’éco-construction, le terrain devrait rester votre principal poste de dépense. En effet, vous allez utiliser des matériaux locaux et gratuits pour la plupart… Mais une réserve de quelques centaines voire milliers d’euros sera probablement nécessaire pour vous procurer quelques outils et/ou matériaux complémentaires.

Au total, vous devriez quand même pouvoir vous en tirer pour une somme très raisonnable – je dirais entre 10 et 20 000 €, terrain compris. Mais ça peut varier beaucoup plus, dans un sens ou dans l’autre, en fonction des occasions qui se présentent à vous, de la région recherchée et de la nature exacte de votre projet.

2. Définir votre projet d’éco-construction

Car avant de se lancer dans l’éco-construction, il faut bien entendu partir avec un projet en tête. Eh oui ! C’est tout bête, mais avant même de se poser la question des matériaux et des techniques à employer, il va falloir définir ce que l’on veut, au moins dans les grandes lignes…

J’entends par là : l’emplacement désiré et le résultat que l’on veut obtenir.

2.1 Le terrain

Comme dit plus haut, réfléchissez bien à l’endroit où vous souhaitez auto-construire. Par exemple, votre habitat dépendra en partie des matériaux qui seront disponibles sur place et dans les environs.

Dressez la liste de ce que vous voulez pour votre terrain, avec les critères indispensables en tête et ensuite ceux qui sont moins importants… Une source ou un puits, par exemple, seront un plus. De même, une surface de forêt sera une aide énorme pour accéder à l’autonomie – que ce soit pour la nourriture, le chauffage ou l’éco-construction elle-même !

La superficie, l’ensoleillement, le voisinage, les autres ressources disponibles, etc. sont aussi des critères à prendre en compte ! Et bien sûr, définissez bien votre budget.

2.2 Le plan

En parallèle, développez votre idée d’habitat. De quelle surface avez-vous besoin ? Quelles pièces vous faut-il impérativement et quelle forme voulez-vous obtenir au final ?

Quand on auto-construit, il faut viser la sobriété. Les formes simples et les petites tailles sont à l’honneur. Plus votre habitat sera compact, moins il demandera de travail. Car on ne va pas se le cacher, faire sa maison soi-même, c’est quand même beaucoup de boulot !

Il faut donc définir sur papier la taille et la forme de votre maison, mais aussi les équipements en dur dont elle disposera. Prévoyez notamment le chauffage, la douche, les toilettes… En éco-construction, on pense généralement à des solutions économes, autonomes et durables.

Par exemple, une petite surface ronde avec un minimum de cloisons sera beaucoup plus facile à chauffer qu’une grande surface avec beaucoup de pièces et de recoins. De même, de grandes ouvertures au sud pour les portes et les fenêtres, ainsi qu’un toit plus avancé de ce côté, vous permettront de profiter d’une bonne luminosité, ainsi que d’une température plus agréable tout au long de l’année.

3. Les matériaux et les techniques d’éco-construction

Impossible ici d’aborder toutes les techniques et les matériaux utilisés en éco-construction… Ceux-ci peuvent varier énormément en fonction du lieu, de vos connaissances et de ce que vous avez sous la main.

Les grands principes sont les suivants : on va rechercher avant tout ce qui est gratuit et disponible localement. C’est pourquoi la terre, l’argile, l’eau de pluie et la paille sont souvent employés. Il est aussi possible que vous ayez accès à des ruines sur votre terrain. Vous pourrez alors y prélever des pierres, tuiles, etc.

Par ailleurs, pensez toujours à faire appel au don et à la récup’ ! Vous trouverez des mines d’objets et de matériels dans les déchetteries, les greniers de vos proches… ou encore auprès d’assos ou de sites comme donnons.org !

Ces réflexes sont bien utiles pour se procurer vitres, planches, portes, etc. gratuitement ou pour très peu cher. Et encore, ça c’est pour le « conventionnel ». Certains adeptes de l’éco-construction n’hésitent pas à réutiliser de vieux pneus et des bouteilles vides… pour en obtenir des résultats stupéfiants !

À titre d’exemple, voici des techniques couramment employées pour le gros-oeuvre en éco-construction.

3.1 La terre-paille

Matériau très peu cher, local et respirant (anti-moisissure), la terre-paille est un matériau facile à travailler. Comme son nom l’indique, elle consiste en un mélange de terre et de paille.

Pour fabriquer un mur en terre-paille, il suffit de :

  1. tamiser la terre pour en retirer les cailloux,
  2. mélanger la terre à de l’eau pour obtenir de la barbotine,
  3. tremper la paille dans la barbotine,
  4. placer ce mélange dans un coffrage (réalisé avec des planches par exemple)
  5. et décoffrer quelques jours après.

On applique ensuite un enduit, composé par exemple d’un mélange de chaux et sable.

Tout ça vous paraît encore un peu abstrait ? En réalité, c’est tout simple ! Voilà ce que ça donne en vidéo :

Une variante consiste à faire des boudins de torchis, sur une structure grillagée par exemple. C’est très simple et ça a l’avantage de s’adapter facilement à vos besoins et de se réparer très facilement si besoin.

3.2 Autre technique : paille, puis terre

Cette fois-ci, on ne mélange pas la terre et la paille. Il va s’agir de poser dans un premier temps la paille en bottes rectangulaires sur plusieurs épaisseurs et de la serrer avec de la corde.

Puis on recouvre ces parois de paille compactées avec de la terre tamisée et mélangée à de l’eau.

3.3 Pour le toit

Pour le toit, la solution couramment employée est d’opter pour une couverture légère, ce qui permet de se contenter d’une charpente très sommaire et peu coûteuse en matériaux.

Mais c’est une étape importante ! Avec des matériaux écologiques du type terre-paille notamment, un toit bien étanche est capital pour avoir un habitat durable.

Le chaume, technique traditionnelle qui fait appel à de la paille, du roseau ou même de la bruyère, est tout à fait envisageable. Cependant, elle nécessite un certain savoir-faire : je pense que si on veut opter pour cette très belle couverture, un passage sur un chantier participatif est vraiment nécessaire avant de se lancer.

Autre possibilité : une simple couche de feutre bitumeux. C’est très peu cher à l’achat et facile à poser.

Une bâche (ou un ensemble de bâches cousues) EPDM ou PVC bien étanche peut aussi faire l’affaire. L’avantage ici est qu’on va parfois réussir à en trouver en récup’. Par contre, il faudra la remplacer au bout de quelques années. Mais vous pourrez éventuellement la faire durer plus longtemps si vous couvrez ensuite de terre et de paille, comme on le voit sur cette vidéo :

4. Se chauffer et cuisiner

Quand on fait de l’éco-construction dans une région tempérée à froide, la question du chauffage se pose forcément. Vous allez là encore pouvoir vous en tirer à moindre coût si vous optez pour un logement simple adapté à vos besoins, c’est-à-dire pas trop grand, ni trop cloisonné.

Pensez aussi au besoin de chauffer les aliments, qui dans la logique de l’éco-construction rejoint la thématique du chauffage… Toujours dans un souci d’économie et de simplicité, on va avoir tendance à utiliser le même système pour cuisiner et pour se chauffer !

Pour ce faire, un poêle à bûches de récupération est un choix tout à fait judicieux.

Mais vous pouvez aussi construire un « poêle rocket », dont la conception est très simple et nécessite peu de matériaux. On trouve de nombreux plans et vidéos sur le net pour en fabriquer. Voici une vidéo théorique mais très claire, qui vous livre les bases du concept :

Et une vidéo de l’excellente chaîne de Barnabé Chaillot, qui vous montre concrètement comment fabriquer un poêle rocket « basique » :

Vous allez même pouvoir intégrer ce type de poêle dans la structure de votre maison ! Il s’agira de le construire en dur avec des matériaux écologiques et de récupération, directement sur les murs. En employant les bons matériaux et en situant bien votre rocket stove, vous obtiendrez un poêle de masse très performant !

Là encore, l’ampleur de la tâche peut faire peur, mais c’est en réalité tout à fait faisable. Et souvenez-vous que vous pouvez partir dans un premier temps avec un poêle en fonte de récupération, et bâtir votre rocket stove en dur par la suite…

5. Douche solaire

Si vous aimez la vie rustique et les solutions faciles à mettre en œuvre, il vous suffira d’installer un rideau à l’extérieur et d’utiliser une douche solaire du commerce (on en trouve facilement pour quelques euros).

Une solution plus pérenne pour obtenir de l’eau chaude consiste à faire circuler un tuyau d’arrosage dans un panneau de bois couvert d’une vitre (éventuellement peinte en noir). Voici un article du site éconologie qui approfondit un peu le sujet : https://www.econologie.com/construire-ou-faire-panneau-solaire-conseils-fabrication/

Enfin, la solution traditionnelle consistant à chauffer l’eau sur la cuisinière et à la verser dans un bac pour se laver a fait ses preuves maintes et maintes fois !

6. Toilettes sèches

Difficile d’évoquer l’éco-construction sans parler des toilettes sèches, qui en sont l’un des symboles les plus connus. En effet, pourquoi utiliser de l’eau (potable qui plus est) pour évacuer les déchets de notre organisme ? Sur un terrain, vous trouverez forcément un usage à ces matières fertiles – le plus évident étant au potager, sous forme de compost.

Le principe des toilettes sèches est donc très simple : vous faites vos besoins dans un grand seau et couvrez à chaque fois les matières avec de la sciure ou des copeaux. Cela absorbe vraiment bien les odeurs !

L’avantage des copeaux ou de la sciure est que, si vous vous chauffez au bois de manière autonome, vous n’en manquerez pas ! En plus, c’est vraiment une « litière » efficace.

Il existe bien sûr de bonnes alternatives, comme la paille… L’important est d’employer des matières « carbonées » (et non des déchets « verts », azotés).

Le seau est vidé régulièrement dans un bac à compost dédié. Ces déchets doivent se décomposer pendant 2 ans environ afin d’être débarrassés de toute nocivité potentielle. C’est pourquoi il est bon d’avoir deux bacs à composts : un en cours de remplissage et l’autre en cours de « travail ».

Là encore, ils ne dégagent pas d’odeur au cours de la décomposition.

Voici une vidéo rapide et sympa pour découvrir le concept :

… Et une autre, elle aussi très bien mais plus approfondie :

7. Bilan sur l’éco-construction

Vous l’aurez compris, pas besoin d’être un pro du bâtiment ou de faire appel à une entreprise pour se lancer dans l’auto-construction ! C’est tout à fait possible en employant les principes écologiques et durables exposés dans cet article.

Vous trouverez sur le web plein de sites et de chaînes spécialisés dans ce domaine. N’hésitez pas à fouiller – ici, on n’a fait qu’effleurer le sujet – et surtout à participer à d’autres projets en tant que bénévole.

S’il y a bien une chose à retenir sur l’éco-construction, c’est ça : aidez les autres, apprenez, et faites-vous aider ensuite !

Vous allez me dire, tout ça représente énormément de temps et de travail. Et je suis bien d’accord avec ça… Mais n’est-ce pas mieux que de trimer dans un boulot pas terrible parce qu’on doit payer un loyer ou rembourser des traites jusqu’à la fin de sa vie… tout ça pour habiter dans un logement lambda fabriqué de manière polluante ?

Au lieu de ça, vous pouvez gagner la satisfaction de vivre dans une maison construite par vous-même pour presque rien… Difficile d’imaginer un endroit où vous pourriez davantage vous sentir chez vous !


Merci infiniment à David pour cet article passionnant et ultra documenté ! Je vous invite à découvrir son blog Le Déconsommateur qui est une mine d’or d’informations sur la (dé)consommation et la consom’action. Pour ma part, je n’ai pas (encore) le projet de constuire ma propre maison mais j’ai eu l’occasion de séjourner dans un hébergement écologique et ce fût une expérience incroyable !

1 Commentaire

  1. David le Déconsommateur 18/06/2018 at 12:42

    Merci Sophie pour cette publication 🙂 ça a été très sympa d’échanger avec toi et de varier un peu les plateformes de diffusion.
    Pour compléter l’article, un ami vient de me suggérer un réseau prometteur qui recense les chantiers participatifs en éco-construction sur toute la France, avec la possibilité d’entrer en contact et de les rejoindre facilement : https://fr.twiza.org

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